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Echange de points de vue

24 mai 2015

Le décès d'un proche

Dans les premiers jours de la séparation, d'une part on a l'impression que la personne disparue est encore là ; d'autre part, elle nous parait être dans un état de bonheur et elle nous inspire des sentiments très positifs à son égard. C'est pour cela que l'on a tendance à ne retenir d'elle que ses bons côtés : sans doute est-on alors influencé par son nouvel état qui semble très positif et lumineux. Dans ces premiers jours, la communication avec elle semble encore possible et facile.

Puis vient le temps du deuil.

Il y a le deuil qu'on pourrait appeler "manqué" qui peut prendre 2 formes :
- la volonté d'oublier la personne qu'on a perdue et de passer à une autre étape ; dans ce cas, on efface toute trace, tout souvenir et tout rappel.
- l'autre scénario est celui où on a besoin de maintenir intacte la souffrance de la perte et dans lequel tout ce qui nous distrait ou distancie de cette souffrance est refusé fermement.

Et il y a le deuil "réussi" : dans ce cas, le lien avec la personne disparue est maintenu à travers tout ce qui continue à nous relier à elle . C'est comme si on continue à vivre avec elle, mais d'une façon différente puisqu'elle n'est plus complètement là : à la fois, on revisite les moments passés avec elle, en comprenant souvent mieux son comportement d'alors et le nôtre et on peut aussi dialoguer avec elle par la pensée par rapport au présent.

On peut dire que le deuil est réussi si cela se fait de manière de plus en plus apaisée et naturelle au fur et à mesure que le temps passe, en laissant s'éteindre les regrets par rapport à ce qu'on aurait dû faire ou dire quand il en était temps. L'acceptation de la séparation se fait d'autant mieux que cette séparation n'est pas totale puisque la personne disparue est encore présente dans notre vie et participe à sa manière à notre vie. Cette présence varie beaucoup suivant les cas : parfois, la personne disparue se manifeste dans les rêves ou dans certains moments où l'on ressent sa présence ; parfois, la présence est plus discrète et se passe davantage dans nos dialogues intérieurs.
Ce deuil réussi a non seulement l'avantage de nous apaiser par rapport à la séparation mais il est aussi une aide très précieuse dans la gouvernance de notre vie en nous aidant à mieux comprendre notre histoire passée et en nous apportant une source possible de conseil et de soutien dans le présent. 

Il est fréquent que les personnes que nous côtoyons évitent de faire la moindre allusion à la personne disparue : ils craignent d'avoir à partager quelque chose avec nous concernant cette personne, soit parce qu'ils s'imaginent que cela va raviver notre souffrance, soit parce qu'ils pensent qu'un tel échange va être pénible pour eux. 
Ils se trompent complètement : la personne qui vit un deuil a le plus grand besoin d'échanger sur ce sujet non pas pour qu'on s'apitoie sur elle mais parce qu'il s'agit d'une expérience très forte qu'elle a envie de partager; le partage ne ravive pas la souffrance mais contribue au contraire à l'apaiser ; et un tel échange peut être très enrichissant pour l'interlocuteur.
A noter que ceux qui vivent un deuil "manqué" ne souhaitent pas de tels échanges et donnent raison à ceux qui ne cherchent pas cet échange de toute façon ...

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17 mai 2015

La voix intérieure

Chacun a pu expérimenter cette voix qui participe de différentes manières à son dialogue intérieur.

Il y a la voix "ordinaire" : c'est celle qui, selon les moments, se rattache à nos pulsions ou notre sur-moi, s'agissant tantôt d'une voix débridée ou tantôt d'une voix correctrice. 

Il y a aussi la voix qu'on peut appeler "inspiratrice" : elle vient de plus loin. Parfois, dans la nuit, lors d'insomnies ou au réveil, elle nous souffle des solutions à des questions que nous nous posions. On la nomme souvent "intuition".

Il y a aussi une voix que l'on pourrait nommer "la voix de l'ange" : c'est celle qui nous guide vers le lieu où nous avions égaré un objet , celle qui nous fait trouver une place de parking dans un moment crucial, celle qui nous amène à rencontrer une personne qui sera importante pour nous,  etc ... C'est elle qui nous guide dans le monde de la "synchronicité", c'est à dire le monde où les évènements semblent être coordonnés mystérieusement.

Cette dernière voix a été souvent invoquée par des personnages célèbres : bien sûr, on pense à Jeanne d'Arc à Donrémy, mais aussi à Mahomet avec son dialogue avec l'ange Gabriel, à Jésus avec ses dialogue avec "son père", à Socrate et son "daïmon", qui lui a valu d'être condamné et exécuté pour athéisme car il ne faisait confiance qu'à lui au détriment des dieux du panthéon grec, à Assurbanipal, roi de Ninive, guidé par son "dieu gardien", tel que représenté sur le bas-relief conservé au musée de l'Ermitage. 

Mais le commun des mortels, qui fait aussi l'expérience de cette voix particulière, la nomme tantôt "ange gardien", tantôt "bonne étoile", tantôt du nom d'un très proche décédé, tantôt du nom d'un "saint", tantôt encore d'un autre personnage de nature divine.

Khalil Gibran appelait cette voix "le grand Moi", représentant comme une extension à caractère divin de la personne, à même de guider le "petit moi" de chacun.

Les indiens yaquis, selon ce que rapporte l'ethnologue Castanéda, distinguent dans la personne le "tonal" qui est la personne ordinaire perçue par elle-même et par les autres et le "nagual" qui est comme un être intérieur immortel, rattaché au grand Etre qui organise l'univers : le nagual construit la personne à sa naissance et l'habite jusqu'à sa mort, au cours de laquelle il rejoint le grand Etre. Il joue un rôle de ressource durant la vie de la personne.

Ainsi, on peut constater que cette voix intérieure trouve son origine, selon les conceptions de chacun, tantôt à l'intérieur de la personne dans une partie plus profonde d'elle-même, difficile à atteindre et à identifier, tantôt à l'extérieur, devenant alors un être distinct de la personne, de nature divine ou au moins immortelle.

Le système de représentation théiste,  plus ou moins anthropomorphe peut se rattacher à cette expérience commune à tous les humains de la voix intérieure.

L'apôtre Jean, au début de son évangile, a écrit : au début, était le "logos", traduit de manière discutable par le "verbum" en latin et par la parole en français. Dans cette acception, il aurait, lui aussi, perçu une voix, à l'origine de tout ? ...

26 avril 2015

L'enfer et le paradis

Je me suis aperçu que la majorité des religions instituées avaient beaucoup brodé sur ces thèmes. On se rend compte que les notions de lois, de jugements et de condamnations sont essentielles dans ces institutions qui fonctionnent à la manière des sociétés civiles. En effet, pour elles, que deviendrait le monde (leur monde …) si on ne mettait pas en place de tels garde-fous ?

En revanche, si on s’affranchit de ces préoccupations,  portées par ailleurs par les sociétés civiles, et que l’on adopte une approche de connaissance métaphysique, on voit que plusieurs axes de réflexion dans l’histoire ont conduit à une vision dépassant la morale primaire concernant le bien et le mal, le bonheur et le malheur, la souffrance et le plaisir : les taoïstes, les stoïciens, les adeptes de la dialectique de Zénon et de Hegel, et d’autres ont cherché à donner un sens non « judiciaire » à ces valeurs opposées.

De la même manière, si l’on pense que l’univers fonctionne selon des principes analogues dans toutes ses dimensions, on constate que la « loi des transformations » des taoïstes y est à l’oeuvre depuis l’origine des temps. Les premières étoiles sont nées, ont vécu et sont mortes après avoir élaboré de nouveaux atomes dont elles ont ensemencés leur voisinage, ce qui a donné naissance à de nouvelles étoiles qui ont poursuivi ce chemin. Et ainsi, au bout de 9 milliards d’années et de nombreux cycles de destructions et de créations nouvelles, notre terre est apparue, riche des 92 éléments du tableau des atomes et d’un potentiel d’apparition de la vie.

Alors, ne serait-ce pas plus facile pour tous les penseurs d’admettre que tout ce qui nous heurte, chagrine, scandalise ou effraie constitue un élément du moteur des transformations à tous les niveaux ; on admet les tremblements de terre et autres catastrophes naturelles qu’on n’a pas le pouvoir d’empêcher ; et on trouve inadmissible la permanence de guerres , d’attentats, d’injustices et autres faits sociaux détestables.

En réalité, rien ne nous empêche de chercher à nous prémunir contre ces causes de souffrance tout en admettant qu’ils font partie du moteur de l’évolution du monde. Lorsqu’on prend des dispositions pour limiter leur survenue, la justification directe de ces mesures par le désir de s’éviter des malheurs est suffisante. Pourquoi convoquer une « justice éternelle » ?

Quand on ajoute un aspect de jugement éternel, on se pourrit la vie et on désespère de l’avenir. Par ailleurs on se condamne, à l’instar de beaucoup de religions, à ne jamais rendre compatible la confiance dans le moteur suprême (appelé généralement Dieu, Energie ou Vie) et ces événements fâcheux pour lesquels on est amené à instituer une entité opposée (appelée généralement Diable, Malheur ou Mort) . Et on instaure une guerre sans fin entre ces 2 entités avec un partage des rôles pas toujours clair, puisque le Dieu de certains est parfois un grand justicier impitoyable. Quel mauvais roman ! …

26 avril 2015

"L'homme n'est ni ange ni bête ..." comme disait Pascal

" Il est dangereux de trop faire voir à l’homme combien il est égal aux bêtes, sans lui montrer sa grandeur. Il est encore dangereux de lui trop faire voir sa grandeur sans sa bassesse. Il est encore plus dangereux de lui laisser ignorer l’un et l’autre. Mais il est très avantageux de lui représenter l’un et l’autre. 
Il ne faut pas que l’homme croie qu’il est égal aux bêtes, ni aux anges, ni qu’il ignore l’un et l’autre, mais qu’il sache l’un et l’autre. 
L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête.
S’il se vante, je l’abaisse ; s’il s’abaisse, je le vante ; et le contredis toujours, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il est un monstre incompréhensible. 
Que l’homme maintenant s’estime à son prix. Qu’il s’aime, car il y a en lui une nature capable du bien ; mais qu’il n’aime pas pour cela les bassesses qui y sont. »
PASCALPensées

Cette pensée se vérifie toujours autant de nos jours. Mais il convient sans doute de remplacer le terme de "bête" par "diable" : sans cela, on se montre injuste à l'égard de nos colocataires, les animaux.

C'est sans doute un des traits qui différencie le plus nettement les humains des autres animaux : la capacité qui leur a été donnée de libérer leurs démons les plus effrayants ou leurs pulsions les plus admirables, suivant les circonstances.

On pense souvent qu'il y a des pervers d'un côté et des saints de l'autre, avec toutes les nuances entre les deux. Mais on a vu parfois les mêmes personnes endosser ces différents habits à quelque temps d'intervalle : ainsi, au Rwanda, les hutus, en 1994, sont devenus les génocidaires de leurs voisins tutsis ; dans les Balkans, au Liban, en Irak, etc ...on a vu des peuples, qui coexistaient paisiblement et se liaient souvent par des mariages, devenir subitement des ennemis implacables.

On retrouve ces phénomènes tout au long de l'histoire : alors, où est le progrès que l'humanité est censée réaliser, selon notre aspiration la plus répandue vers davantage de paix et d'entente durable entre les hommes ? Et de la même manière, au niveau individuel, ne sommes-nous pas déçus et frustrés lorsque nous constatons dans nos comportements des régressions affligeantes ? 

On a l'impression que, au fil du temps, l'évolution de l'humanité la conduit vers une exacerbation de ces pulsions antinomiques  : ainsi, depuis un siècle, elle connait des épisodes de meutres de masse et de conflits multiformes qui ne semblent pas près de finir ; et dans le même temps, il s'est développé un courant humanitaire étonnant pour venir en aide aux victimes des guerres, des caprices de la nature, des maladies et de la pauvreté.

L'aspiration à la paix et au développement harmonieux est sans doute la plus belle et la plus forte de nos utopies, c'est à dire "un lieu qui n'existe pas", selon le sens originel. Mais l'utopie a une grande utilité : elle donne à l'humanité et à chacun d'entre nous une raison de poursuivre son existence et sa recherche au milieu de ce contexte paradoxal.

Alors,  laissons-nous entraîner par notre étoile, l'Utopie, sans oublier la pensée de Pascal !

 

 

 

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